Poubellum sum est
La planète est une poubelle à ciel ouvert, qu’importe, tant que mes bonbons sont
bio. Et ils peuvent bien se menacer mutuellement avec leurs têtes nucléaires à la
con, moi je m’en fous, mon chocolat est équitable.
Mon corps est une poubelle et à la vue de ce qu’il en sort, il est fort à parier que la
poubelle est également sale d’encrassement divers et d’avariés de l’intérieur. Ma
station d’épuration est à l’agonie mais je continue encore et encore de me gaver
de merdes industrielles mortelles en tous genres. Certains ventres méthanisent à
tous vents, d’autres sont de véritables lombricomposteurs en puissance, d’autres
encore fabriquent crottes de bique bien dures, selles liquides hors sol, gaz
malodeureusement foireux. Comme vous le voyez, je suis pour le pet des
ménages.
Je fume, tu meurs et la pompe funèbre. Nous cholesterolons, vous statinez, ils ou
elles AVC. Je m’encrasse, tu métabolises, il ou elle s’oxyde. Gros a donné grossir.
Aujourd’hui, gras donne grassir. Je grassis tu grassis, il ou elle grassit, nous
diabétisons, vous hépathites, ils ou elles stéatosent. Quelle importance puisqu’on
est tous couverts par l’assurance... maladie. Mdr.
L’ignorance, le déni, l’incohérence gagnent du terrain. Déjà qu’il était miné le
terrain, le voici dorénavant nauséabond. L’heure est grave mais l’issue pour tous
est connue, alors à quoi bon prendre soin de soi ou à quoi bon respecter le milieu
qui a permis à la vie d’exister un jour ? L’humanité est toute proche de sa solution
finale. Les océans plastifiés participent eux aussi au dérèglement généralisé.
L’intelligence collective a-t-elle jamais existé un jour ?
Encore une fois, je me répète, ce n’est pas la planète ni le climat qu’il faut
chercher à sauver mais bien Homo Poubellus, l’idiot de service dont les gènes et
les neurones s’appauvrissent heureusement de jour en jour. Qu’est-ce que
l’analphabète ne comprend pas dans “fumer tue” ? L’être humain souffre des
effets de causes qu’il affectionne. Mais qu’il est con !
Il n’est plus nécessaire d’envisager une guerre ou une pandémie pour diminuer la
population mondiale : les perturbateurs endocriniens travaillent en souterrain et se
reproduire va devenir un sport de haut niveau. J’ai hâte de découvrir... le genre...
des épreuves. Comprenne qui pourra.
Malgré l’engloutissement mondialisé dû à ses activités, Homo Poubellus continue
de toujours faire plus de la même chose. Il en deviendrait presque désespérant.
Heureusement, l’IA va générer une nouvelle planète virtuelle d’où le soleil sera
vert. Encore faut-il avoir les refs : “La belle verte” de Coline Serreau et “Soleil vert”
de Harry Harrison.